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Claudiogène
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29 janvier 2007

Tribune Libre à... seamrog

Syllogismes de l’amertume – Cioran

Tout d’abord, ce n’est pas un roman, c’est un recueil de pensées très courtes, de citations que Cioran a décidé de nommer « syllogismes »…

Syllogismes, même s’il n’y a pas de longs développements intellectuels menant à une conclusion synthétique. Il s'agit au contraire d'éclats, de considérations sur différents aspects du réel. 

Pour les connaisseurs, dans cet ouvrage Cioran n’est pas aussi sombre que dans ses précédentes œuvres, c’est peut-être ce qui en fait un écrit plus « accessible », plus agréable… il aborde plusieurs sujets, avec un certain cynisme mais aussi beaucoup d’humour… moi il m ‘a plu ce livre…

Voici quelques exemples que j’ai retenus pour diverses raisons :

 

Atrophie du verbe

« Rater sa vie, c’est accéder à la poésie – sans le support du talent »
« Il est aisé d’être « profond » : on n’a qu’à se laisser submerger par ses propres tares. »
« Mystère, mot dont nous nous servons pour tromper les autres, pour leur faire croire que nous sommes plus profonds qu’eux »

« Le public se précipite sur les auteurs dits « humains » ; il sait qu’il n’a rien à en craindre : arrêtés, comme lui, à mi-chemin, ils lui proposeront un arrangement avec l’Impossible, une vision cohérente du Chaos »

L’escroc du gouffre

« Pour punir les autres d’être plus heureux que nous, nous leur inoculons – faute de mieux – nos angoisses. Car nos douleurs, hélas ! ne sont pas contagieuses »
« Quand l’idée se cherchait un refuge, elle devait être vermoulue, puisqu’elle n’a trouvé que l’hospitalité du cerveau »
« Il nous répugne de mener jusqu’au bout une pensée déprimante, fût-elle inattaquable ; Nous lui résistons au moment où elle affecte nos entrailles, où elle devient malaise, vérité et désastre de la chair. – Je n’ai jamais lu un sermon de Bouddha ou une page de Schopenhauer sans broyer du rose… »

Temps et anémie


« qu’elle m’est proche cette vieille folle qui courait après le temps, qui voulait rattraper un morceau de temps »
« la pâleur nous montre jusqu’où le corps peut comprendre l’âme »
« Tôt ou tard, chaque désir doit rencontrer sa lassitude : sa vérité… »

Le cirque de la solitude de I à IV

« On cesse d’être jeune au moment où l’on ne choisit plus ses ennemis, où l’on se contente de ceux qu’on a sous la main. »
« dans le pessimiste se concertent une bonté inefficace et une méchanceté inassouvie »
« Pourquoi nous retirer et abandonner la partie, quand il nous reste tant d’êtres à décevoir ? »
« On ne peut éviter les défauts des hommes sans fuir, par là même, leurs vertus. Ainsi on se ruine par la sagesse. »

Vitalité de l’amour

« Dans la recherche du tourment, dans l’acharnement à la souffrance, il n’est guère que le jaloux pour concurrencer le martyr. Cependant on canonise l’un et on ridiculise l’autre. »
« J’ai toujours pensé que Diogène avait subi, dans sa jeunesse, quelque déconvenue amoureuse : on ne s’engage pas dans la voie du ricanement sans le concours d’une maladie vénérienne ou d’une boniche intraitable »
(là je me devais de la mettre !!!!)
« Nous aimons toujours… quand même ; et ce « quand même » couvre un infini »

Sur la musique

« A quoi bon fréquenter Platon, quand un saxophone peut aussi bien nous faire entrevoir un autre monde ? »



Vertige de l’histoire

« Au temps où l’humanité, à peine développée, s’essayait au malheur, nul ne l’aurait cru capable d’en produire un jour en série. »
« Peuple authentiquement élu, les Tsiganes ne portent la responsabilité d’aucun événement, ni d’aucune institution. Ils ont triomphé de la terre par leur souci de n’y rien fonder »
« Sans l’assiduité au ridicule, le genre humain eût-il duré plus d’une génération ? »

Aux sources du vide

« Le secret de mon adaptation à la vie ? J’ai changé de désespoir comme de chemise. »
« Dans nos rêves perce le fou qui est en nous ; après avoir commandé nos nuits, il s’endort au plus profond de nous-mêmes, dans le sein de l’Espèce ; quelquefois pourtant nous l’entendons ronfler dans nos pensées… »

Seamrog

 

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Commentaires
S
Cher LChe,<br /> tout d'abord merci pour votre post, ça me fait très plaisir... <br /> Concernant le pseudo, je me devais de "revêtir" un pseudo correct pour l'occasion... je l'avais promis... quant à sa signification, elle est fort simple c'est du gaélique, seamrog veut dire trèfle...<br /> voilà le mystère éclairci... :)
L
"Seamrog". <br /> <br /> J'ai tenté futilement de remettre les lettres en place pour en savoir plus sur l'auteur... C'est qu'il y a péril en la demeure : on lit -et pire- on maîtrise Cioran sans risquer sa perte charnelle. <br /> <br /> Personnellement, j'ai un respect confiant au tabou pour cet Homme. Et les tabous -éloge de la fuite, je les évite ou les contourne.<br /> <br /> <br /> Merci et bravo de m'avoir poussé au crime par le billet de ce blog.
C
Pas de commentaires à cette heure sur cette Tribune libre, mais, des visites nombreuses.<br /> Seamrog... vous avez impressionné nos commentateurs habituels, sans doute.<br /> Merci pour votre contribution et à la prochaine.
Claudiogène
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