Français
Je l'ai reçue hier matin.
Je sais pour certains, c'est une carte, on ne peut plus banale. D'autres n'en n'ont jamais vu les couleurs.
Et peut-être va-t-on penser que j'en fais un cinéma pour un bout de papier.
Qu'importe !
Ce bout de papier, je l'ai parce que j'ai décidé, en mai 2002, (je crois que mai 2002, c'est juste après avril 2002) de demander ma nationalité française, après avoir passé 43 ans en France (aujourd'hui 48 donc) sans griller un feu rouge, sans travailler au noir, sans faire travailler au noir, sans voler une pomme, sans frauder en quoi que ce soit.
Ce n'est pas possible ? Si, c'est possible, sans me forcer parce que j'ai cru longtemps que la plupart des gens étaient comme moi. Il parait que ce n'est pas vrai. Passons.
Il m'a fallu quatre ans, à quelques jours près, pour obtenir cette nationalité française. Quatre ans et quatre convocations à la Préfecture et à la Police, et un semi-remorque de photocopies de documents et divers justificatifs et attestations de tout ordre.
Rien de plus normal, me direz-vous. Oui, sauf que quatre ans, c'est un peu fort. Et encore, je n'ai toujours aucun papier officiel ; juste une lettre qui dit "j'ai le plaisir de vous faire savoir que vous êtes français depuis le ...".
La faute à la droite ? La faute à Sarkozy ? Moi, j'ai plutôt tendance à mettre cela sur le rythme de travail des fonctionnaires. Parce que j'en ai vu : des qui me posaient des questions que n'importe quel ordinateur aurait mieux formulé, des qui faisaient semblant de papoter pour tester mon niveau de français, je ne vous parle même pas du leur, des qui me répondaient que "c'est comme ça", des qui me disaient que même si les choses ne venaient pas comme c'était prévu, il était formellement interdit de réclamer (je ne plaisante pas du tout).
Bref, je suis Français, et je vais voter aux Présidentielles.
Ah ! Il faut l'aimer la France pour y rester. (C'est une boutade)
Et, tout à coup, me vient à l'esprit, ce souvenir d'un repas avec des amis, il y a une quinzaine d'années :
- Je ne connais pas plus Français que toi, me dit l'un, Français bien sûr, lui.
- Et moi, je ne connais pas plus catho que toi, me dit l'autre, communiste et catholique, sachant bien que moi j'étais athée.
J'ai compris à ce moment-là, qu'être un bon citoyen apparaissait aux yeux de certains comme de l'héroïsme.
Je ne triche, ni ne ment jamais et me voilà, un saint.
Je m'intéresse au pays où je vis et je respecte les lois et me voilà plus Français que les Français.
Bref, je suis Français
Bref, je suis Français, et je vais voter
Bref, je suis Français, et je vais voter aux Présidentielles
Bref, je suis Français, et je vais voter aux Présidentielles pour
Bref, je suis Français, et je vais voter aux Présidentielles pour François. (tiens, c'est pas un catho, lui ?)
Bref, je suis Français, et je vais voter aux Présidentielles pour François, pace què j'y maîtrise pas bien la lingua e que Français et François, c'est quasi pareil, no ?
La boucle est bouclée, comme ma ceinture... toujours et ma parole... maintenant.