Le 1er tour expliqué à ma fille... (et aux vôtres)
Ma fille, j'ai des excuses à te faire.
Je sais pour qui tu t'apprêtes à voter. Cela me chagrine et j'en suis le premier fautif.
Oui. Une enfance et une adolescence aux échos socialisants, ça laisse des traces.
Que m'avait-on fait boire à moi aussi pour t'imprimer de tels manichéismes ?
Tu avais toutes les raisons de croire aux bons et aux méchants.
Ah ! tes campagnes électorales du primaire, du lycée. Tu rentrais fière d'avoir défendu le camp familial.
Je t'ai raconté mon 10 mai, ma badauderie à Notre-Dame le jour de l'enterrement du vieux monsieur au chapeau noir et à l'écharpe rouge. Et ce champagne rosé que nous buvions les soirs d'élections. Et, mes manifs que je te racontais. Et tes manifs que j'approuvais.
Mais, aujourd'hui, ma fille, l'heure est grave. Aucun chapeau, aucune écharpe.
Tout a changé.
Tu n'as aucune fidélité à avoir envers ce passé-là.
Je te rassure, ce n'est pas nous qui avons quitté le navire, c'est le navire qui nous a quittés.
Dans trois jours, tu vas voter.
Tu me sais rationnel.
Aussi, je veux te démontrer que le calcul que je fais est tout, sauf affectif :
Si la dame est au second tour, le monsieur que nous n'aimons pas va la manger sans se faire prier et sans délicatesses. Et après, le monsieur, c'est nous qu'il va manger.
En revanche, si c'est le gentil monsieur qui est au second tour, il aura tellement de personnes de son côté qu'il va gagner.
Bon, tu n'as plus l'âge des dessins depuis longtemps. Tu as compris. Tu sais.
J'aimerais partager avec toi, la joie et la satisfaction de ceux qui savaient.
Sur mon blog, je dis souvent que je ne fais pas de prosélytisme. Mais là, c'est pas pareil, c'est une question d'héritage, tu comprends ? Mieux vaut y réfléchir.
Ton frère m'a fait une procuration, je saurai m'en servir. Que ne l'as-tu fait toi aussi !
Donc, voilà comment il marche ce 1er tour. Tu sais, je crois que les descendants du vieux monsieur n'ont rien compris... ou trop bien compris... ils veulent perdre... ils ne sont pas prêts.
Alors, la dame a fait une campagne pour battre le candidat de maires et elle réussira.
Petits objectifs, petits résultats.
Malgré tout ça, les fidèles la suivent, doigt sur la couture, même ceux qui avaient dit qu'elle était nulle.
Bon, il parait que ça s'appelle la discipline de parti. (Et je ne peux pas te dire, ici, comment ma concierge appelle ça, elle)
Bien, il est temps de conclure.
Ah ! si tu rencontres des indécis. Rappelle-leur que, souvent, c'est l'ordre alphabétique, le plus simple.