Partage
Hier, j'ai découvert l'article du jour du blog de Louis-Paul, que certains connaissent ici.
En lisant, l'émotion ressentie m'a un peu, c'est un euphémisme, bouleversé.
Il parle de son père.
Jusqu'à présent je n'osais pas, ici, parler du mien.
Voilà, cette lecture m'a convaincu.
Après tout, je ne souhaite que partager. Je ne risque rien.
Le texte qui suit date du 23 décembre 2003 :
Mon père est mort deux heures
avant la fin de l'automne 2003.
Mon papa est mort juste avant
que l'hiver soit là.
« Je fais ton deuil
depuis trente ans
Bien avant
J'avais quinze ans et je
savais que je te raterai ; que je le regretterai.
Pendant trente ans, j'ai
voyagé, sac à dos chargé de tout, de toi et de ton mal-être, de ma colère
contre ta faiblesse, de ma culpabilité de ne pouvoir t'aider, de ma honte de te
voir vivant et inerte, de ma lucidité de te savoir inadapté, de mon impuissance
à te parler, à te faire parler surtout, de ma quête d'identité, de ma
construction sans pilier, de ma pudeur, de ta pudeur, de tout ce que je savais
passer dans ma tête, de ta souffrance et de la mienne.
Ma compassion passée et
présente est intime et sans limites.
Et j'ai pourtant mal. Pas
de te savoir ailleurs, mais, de ta vie vide, souffrance et néant, douleur,
douleur et solitude.
J'ai mal pour cet
adolescent que j'ai été et qui a eu froid sans toi, qui a eu peur, très peur de
ne pas savoir vivre. Je pleure ce jeune homme.
Je me pleure et te pleure à la
fois, mon papa »
Mon papa est mort juste avant
que l'hiver soit là.