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Claudiogène
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24 avril 2007

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Hier, j'ai découvert l'article du jour du blog de Louis-Paul, que certains connaissent ici.
En lisant, l'émotion ressentie m'a un peu, c'est un euphémisme, bouleversé.
Il parle de son père.

Jusqu'à présent je n'osais pas, ici, parler du mien.
Voilà, cette lecture m'a convaincu.
Après tout, je ne souhaite que partager. Je ne risque rien.

Le texte qui suit date du 23 décembre 2003 :

Mon père est mort deux heures avant la fin de l'automne 2003.
Mon papa est mort juste avant que l'hiver soit là.

« Je fais ton deuil depuis trente ans
Bien avant que tu partes en mourant
J'avais quinze ans et je savais que je te raterai ; que je le regretterai.

Pendant trente ans, j'ai voyagé, sac à dos chargé de tout, de toi et de ton mal-être, de ma colère contre ta faiblesse, de ma culpabilité de ne pouvoir t'aider, de ma honte de te voir vivant et inerte, de ma lucidité de te savoir inadapté, de mon impuissance à te parler, à te faire parler surtout, de ma quête d'identité, de ma construction sans pilier, de ma pudeur, de ta pudeur, de tout ce que je savais passer dans ma tête, de ta souffrance et de la mienne.
Ma compassion passée et présente est intime et sans limites.

J'ai fait ton deuil
Et j'ai pourtant mal. Pas de te savoir ailleurs, mais, de ta vie vide, souffrance et néant, douleur, douleur et solitude.

J'ai mal pour cet adolescent que j'ai été et qui a eu froid sans toi, qui a eu peur, très peur de ne pas savoir vivre. Je pleure ce jeune homme.
Je me pleure et te pleure à la fois, mon papa »

Mon père est mort deux heures avant la fin de l'automne 2003.
Mon papa est mort juste avant que l'hiver soit là.

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Commentaires
F
Communiquer, voilà un mot que l'on met peu en pratique dans notre famille, par pudeur peut être, pourtant dire les mots à ceux que l'on aime devrait être facile et naturel. <br /> Enfin j'ai la chance de les avoir tous les deux proches de moi, et quand nous avons besoin les uns des autres nous sommes là, c'est peut etre pour ça que les mots deviennent superflus.
L
Lasidonie résume bien.<br /> <br /> Vous avez bien fait d’écrire Claudio, ces mots que l’on dépose :<br /> écriture/thérapie <br /> écriture/partage<br /> <br /> Et ainsi,donner à d'autres le courage de le faire:<br /> écriture/identification<br /> <br /> Très bonne journée à vous.
L
Cet hommage, claudio, nous sommes nombreux, arrivé à une époque de maturité,à avoir envie de le rendre, comme si cela pouvait compenser ce qui nous a manqué, le courage des mots, l'absence de prise de conscience de leur pouvoir, la possibilité pour certain de vaincre une timidité pudique en face de nos parents. ton texte est beau, émouvant.<br /> j'ai eu ce désir aussi il y a peu, quelques mois, j'ai écrit un poème sur mon blog, pour mon père, qui n'est plus là, ma sour émue m'a dit " comme papa aurait été heureux de le lire", mais voila, s'il était encore ici avec nous je n'aurai pu écrire une seule ligne ! Toute l'ambiguité des difficultés de parler, de communiquer ce que l'on ressent à ceux que pourtant l'on aime.
M
Il n'y a que celui là qui me soit difficile, mais je ferai en sorte de le mettre en ligne quand ce sera fait.
C
Pour écrire, un stylo et du papier suffisent... à défaut un doigt et un clavier feront l'affaire.<br /> Le talent ? C'est relatif et sans importance ; nous n'avons rien à vendre.
Claudiogène
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Claudiogène
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