Les histoires de cul des végétaux
Je suis un citadin. J'aime la ville. J'aime les villes.
Et pourtant, j'aime le calme, la solitude, la nature.
J'aime la montagne, le grand air.
Je ne jette jamais un papier par terre (même le petit coin qu'on détache de l'agenda, la semaine finie).
Je peux pleurer devant la beauté d'un paysage.
Je peux marcher des heures dans le silence, sentir, ressentir la nature.
Et pourtant...
ma sensibilité est marbrière lorsqu'il s'agit de parler des sciences de la nature.
Que les abeilles se baladent d'une fleur à l'autre pour faire leurs cochoncetées, que le vent se rende complice de rencontres coquines, que chacun voit dans tout ça la "merveilleuse magie de la nature" me rend impassible.
Cela ne m'émeut même pas.
J'appelle ça les histoires de cul des végétaux et comme celles des animaux ou de mes voisins, elles ne m'intéressent pas.
En plus, il suffit que quelque chose soit un peu à la mode et voilà que je m'en méfie. Le côté instit' qui emmène ses "ouailles" à la campagne pour leur faire découvrir que les oeufs, ça vient des poules, a un air plan-plan un peu triste.
Est-ce d'avoir passé mon enfance dans un village, d'avoir eu des poules (et des oeufs), vu tué des lapins, manger plus les pommes des arbres que celles du marché, cultivé des endives, "fait" les patates, chevauché des tracteurs (plus souvent rouges qu'oranges), arpenté les forêts, allé chercher le lait à la ferme, gaulé les noix, enfiler des feuilles de tabac pour les faire sécher, mangé les petits pois à même le jardin, pêché sans matériel, disséqué des crapauds vivants, tendu des pièges aux oiseaux, et tout ça avant dix ans... ?
Toujours est-il que rien ne m'intéresse là-dedans. J'ai tendance à voir les citadins qui s'émeuvent devant "Dame Nature" (ils aiment bien dire ce genre de mots) comme des bobos snobinards.
Je vous laisse deviner ce que je pense des pelouses tondues et des fleurs coupées.
Je suis un être humain. J'aime la vie. J'aime les vies.