L'individualisme (2) est un humanisme
Dans cet essai, François de Singly répond aux détracteurs de
l'individualisme. II fait comprendre comment l'individualisme dessine
l'idéal d'une société où il n'y aurait plus " ni juif, ni Grec..., ni
esclave, ni libre..., ni homme, ni femme " (Paul, épître aux Galates),
mais où chacun serait un individu " à part entière ". Souvent on pense
l'individualisme comme le règne de la concurrence généralisée, de la
guerre de tous contre tous, et du libéralisme économique. C'est oublier
que l'individualisme occidental est tout autre chose: avoir, par
exemple, le droit d'aimer quelqu'un sans intervention familiale,
participer à une élection démocratique et aux décisions concernant sa
vie... Certes, cette liberté exige des conditions sociales
particulières que ce livre étudie: l'individu doit avoir les moyens de
devenir lui-même et il ne doit pas subir de discrimination. Alors,
l'individualisme devient un humanisme. L'horizon positif de cet essai
vif et novateur fournit des armes pour critiquer ce qui tend, en
permanence, à faire que certains soient moins " individus " que
d'autres.
François de Singly, professeur de sociologie à l'université de
Paris-Descartes et directeur du Centre de recherche sur les liens
sociaux, est l'auteur de nombreux ouvrages dont Libres ensemble
(Nathan, 2000), Les Uns avec les autres (A. Colin, 2003).
Extraits :
L'individualisme est créateur.
La "pensée abstraite" est supérieure à la "pensée concrète", et la première est le signe d'un développement plus achevé. La première voit les choses de haut, la seconde prête attention aux "petites" choses.
L'individualisme est un humanisme si et seulement si il parvient à concilier abstrait et concret, universel et particulier, ce qui réunit tous les êtres humains et ce qui les sépare.
L'individualisme repose sur la croyance que la vérité de l'être se situe en lui-même. "Au lieu d'aller dehors, rentre en toi-même ; c'est au coeur de l'homme qu'habite la vérité". (voir illustration ci-dessous, l'artiste, Giuseppe Penone, enlève tous les cercles de croissance pour faire apparaître le coeur de l'arbre)
Idéalement, l'individu singulier estime qu'il doit être estimé, au sens d'avoir une valeur, en fonction de ses qualités personnelles et non de son appartenance à tel ou tel groupe. C'est le principe fondateur de l'égalité des chances.
Pour être lui-même, un individu ne peut pas être d'abord un membre d'un groupe, quelqu'un défini par tel lien ou tel lien.
L'individualisme "concret" renvoie à l'originalité de chacun alors que l'individualisme "abstrait" désigne ce qui est commun à tous les êtres humains.
L'individu doit devenir dans sa singularité même aussi un universel : "En vérité, on doit toujours se demander : qu'arriverait-il si tout le monde en faisait autant ?"
L'individualisme humaniste est un idéal, un optimisme, une doctrine d'action.