La banale histoire du jeune Julien Orange (4)
(Julien Orange 1)
(Julien Orange 2)
(Julien Orange 3)
Et c’est là que tout commence, que tout bascule. La banlieue est traversée. On entre au cœur de la ville, avec ses surprises et ses désillusions : des épines sur les roses, des noyaux dans les cerises, des pierres dans les lentilles, des raisons, toujours, pour tuer les passions.
Ses mains à lui, caressantes, découvrent son visage,
explorent son cou.
Ses mains à elles, plus nerveuses, impatientes, s’attaquent
aux boutons de la chemise blanche de bureaucrate. Elle va trop vite, pense
Julien, j’aurais du mettre la chemise mauve, celle dont les boutons sont
doublés. Mais, pourquoi je pense, moi ? Partout, on lit, on voit qu’il ne
faut pas penser, il faut se lâcher.
Et pourtant, le jeune homme à moitié déshabillé, les gestes
romantiques et maladroits, pense, au mari, au petit garçon, à la situation, aux
deux rythmes si différents. Augurent-ils une aventure bancale ?
Et pendant que Monsieur pense, Madame s’affaire. Et Madame
sait faire.
Ils ne feront pas l’amour. Non, ça ne peut pas s‘appeler
comme ça. La surprise est de taille.
Dix minutes plus tard, le tableau est cocasse :
Martine toute habillée et Julien tout nu. L’un se sent vidé
quand l’autre a rempli estomac et mission.
C’est le comble. Julien, dépité se sent honteux. Il n’a rien
fait, rien donné. Il ne se sent pas à la hauteur. Egoïste.
Martine, assouvie, joyeuse et guillerette semble apaisée.
La violeuse est debout. « Tu peux me
ramener ? Tu es beau et je t’aime» Ni salle de bain, ni verre d’eau.
Ce monde est cinglé. Dans quel dictionnaire de la vie, va-t-il trouver des
explications à tout ça ?
Julien va mal dormir.
Julien a mal dormi.
C'est la faute à Giscard se dit-il spontanément comme à chaque fois que quelque chose ne va pas. Mais, depuis un an déjà, Giscard n'y est plus pour rien. Et jamais, jamais il n'attribuerait une quelconque responsabilité à Mitterrand.
C'est la faute à la fautrice, fera l'affaire.
(à suivre)