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Claudiogène
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19 décembre 2007

La banale histoire du jeune Julien Orange (6)

(Julien Orange 1) (Julien Orange 2) (Julien Orange 3) (Julien Orange 4) (Julien Orange 5)


Martine Page fait une pause. Ses jongleries sentimentales et acrobatiques l’ont achevée.
Arrêt de travail. Pas de téléphone. Jérémie chez Mamie. Jean-Pierre au salon. Et Julien en tête.

Elle ne sait pas si elle fait un bilan, un point ou un moratoire sur cette double vie. Toujours est-il qu’elle a l’impression de retomber sur terre. Allongée sur son lit, encerclée par des piles de livres dans tous les sens, Martine se repasse le film de ces trois mois fous. Elle a cette faculté à se regarder de l’extérieur, à se voir agir, mais, sa recherche naturelle de plaisirs l’empêche souvent de se servir de cet outil-là.

Trois mois de Julien. A-t-elle eu ce qu’elle voulait ? A-t-elle fait le tour de la relation ? De toute évidence, un tournant s’opére.
Sortie de ce tourbillon, maintenant et seulement maintenant, elle réalise ce que ses pulsions font vivre au fragile et romantique Julien Orange. Et de surpris, étonné, agacé même, c’est l’heure où il devient amoureux. Amoureux et donc dangereux pour cet équilibre qu’elle s’est construit.
Julien allait en demander plus et jamais il ne s’arrêterait. Elle, se serait bien amusée un peu plus longtemps mais elle ne dirigerait plus la machine toute seule. Les sentiments, excessifs pense-t-elle, du jeune idéaliste, lui font peur.
Elle a usé et abusé du corps de Julien. Elle a découvert dans cet amour charnel des plaisirs inconnus. Certes, elle bousculait, elle entreprenait, pendant qu’il freinait et voulait tout intellectualiser. Mais, ces heures d’amour fou, elle ne les oubliera jamais.

A chaque fois, c’était pareil : Elle devait prendre l’initiative et dès qu’il se relâchait, c’était tout autre chose. Le timide s’éveillait mais restait douceur, le passif devenait artiste. Elle aurait voulu garder son corps, sa peau, son odeur, ses caresses, ses émois pour toujours, pour toujours.
« Il est beau et je l’aime » pense-t-elle encore entre deux sanglots.

Elle doit le quitter. Elle le sait. C’est une évidence. Elle n’aime que cette complicité charnelle et passionnelle. Il veut plus. Il mérite mieux.
Sa décision est prise. Elle lui écrira et mentira sur toute la ligne. Elle ne lui parlera pas de l’IVG du mois dernier qu’elle a voulu pour éviter de se poser la question du père. Elle ne lui dira pas la beauté des sommets atteints dans ces ébats. Elle n’osera pas lui avouer cette impuissance à lui apporter plus à lui.
Non, elle lui dira, seulement : « Je te quitte, c’est mieux comme ça » et au cas où, elle ajoutera d’un ton grave « Ne me pose pas de questions, s’il-te-plait »

Martine se lève, va prendre une douche, ouvre rideaux et volets. Elle vient de régler ses comptes avec cette histoire. Le scénario est prêt pour être tourné demain.

(à suivre)

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Commentaires
C
Marion, voix dissonante chez les lectrices ; ça manquait. Voilà Martine réhabilitée ?
M
J'ai enfin tout lu :)<br /> Moi je ne la trouve pas garce. <br /> Qui ne ferait pas ça à sa place !
C
Ah ce sont toujours les femmes qui sont les plus sévères avec... les femmes.
P
Lâche, je ne sais pas mais en tous cas très, très égoïste, voire égocentrique. C'est ce que l'on appelle une "belle garce"...
M
Et lâche avec ça !!
Claudiogène
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Claudiogène
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