à propos de "Sociétés..."
Je vous livre ici, un article "malicieux" (vous verrez pourquoi) lu hier sur le blog Nissa 2008.
C'est sans autorisation, mais qui pourrait m'en vouloir de relayer un message intéressant et qui, à cette heure, n'a pas déclenché une foule de commentaires ?
Je le fais encore plus volontiers qu'il s'agit, au moins sur un point, d'une opinion bien différente de celle que j'ai développé dans l'article "Smoking (puis) No Smoking" d'avant-hier.
La volonté de pointer du doigt certaines dérives est louable. Néanmoins, même avec une écriture universitaire, on peut faire des généralisations et des raccourcis grossiers. C'est mon avis. Vous pourrez me donner le vôtre.
Je reste toujours étranger aux polémiques stériles et toujours ouvert aux avis divergents... en toute sérénité.
"Un certain nombre de réflexions, lues sur des sites
et blogs dont certains sont en lien ici m'amènent à réfléchir tout haut sur les
mythologies sociales, vous savez, ces lieux communs que certains répètent à
satiété et dont le plus souvent ils s'inspirent sans voir les tendances
profondes sur lesquelles ils s'appuient.
Le premier mythe est celui de la société rationnelle et transparente. Quoique
je m'efforce d'avoir, le plus souvent, des raisonnement à peu près rationnels,
ou du moins soumis à un minimum de rigueur critique, tous les anthropologues,
tous les ethnologues et pas mal de sociologues en soulignent l'irréalité. On
sait que besoins fondamentaux, charges émotives et réflexions accouchent
souvent de conduites improbables quelque soit la manière dont nous arrivons à
les justifier. Ces phénomènes sont démultipliés, géométriquement, dès qu'il y a
nombre. Nous vivons, comme dit E. Morin, dans des sociétés "à rationnalité limitée" et la société transparente
reste, heureusement, et malgré les efforts de GW Bush, un délire totalitaire.
Un deuxième mythe est celui de la maladie. En dehors des pathologies reconnues,
hors de la norme, celle que fixent les censeurs (on est toujours dans la
société totalitaire), c'est que vous êtes malades. Malades les fumeurs, comme
les homosexuels, malades ceux qui aiment la fête, surtout lorsqu'elle est
arrosée... Quasiment aussi malades que les pédophiles et les criminels en
série. Hors la norme du comportement fixée par les censeurs, il n'y a que des
malades. Outre l'insupportable prétention du propos, cette logique
sarko-lepéniste d'exclusion me gêne. Ce qui ne vas pas ? C'est la faute aux
autres... Le censeur rajoutant implicitement "d'autant
plus que moi je suis parfait, imitez-moi".
La troisième mythologie, qui rejoint les précédentes, est dans les substances.
Alcool, cigarettes, cannabis sont oeuvres du démon, en oubliant ce que tous les
historiens et spécialistes soulignent: il n'y a aucune société qui n'ait ses
stupéfiants. Stupéfiants sociaux, avec une fonction sociale, reprise par les
religions: celle d'être utilisée à des moments spéciaux, cérémoniels, dans
lesquels le groupe, hors toute rationalité, purge ses tensions. Les psychiatres
et psychologues rajoutent que ce n'est donc pas la substance qui est diabolique,
mais son utilisation individuelle et outrancière, hors les rituels sociaux (et
il existe certaines substances qui sont hors des rituels sociaux), signe alors
d'une fragilité des liens reliant l'individu à ses entourages affichant une
démarche suicidaire. Il y a la même distinction à faire qu'entre le gourmet et
le goinfre.
Enfin, la quatrième est d'essence new-age et dite de "développement personnel": "Si tu veux, tu peux", "Soyons positifs", accompagnés d'une
série de maximes de café du commerce censées vous mener à une vie digne,
respectable et heureuse, doctement délivrées par des "coachs" ou apprentis-gourous, premier pas dans la
mécanique sectaire. Avec un peu de distance critique, elles sont toujours
désopilantes.
Eh oui, la vie est dure, pleine d'imprévus et d'écueils, de hauts et de bas, de
rires et de larmes, des moments où l'on pense, d'autres où l'on
ressent,... Mais ce qui la caractérise avant tout c'est la qualité du lien avec
les autres, d'égal à égal, de pair à pair, moments magiques, brefs et forts,
que toutes les sociétés ont développées, dans lesquels aucun n'est supérieur à
l'autre même si, le lendemain, les inégalités et les tracas retrouvent leurs
poids. La vie n'est pas rectiligne, elle est respiration, sommeil et veille,
fêtes et travail, réflexion solitaire et bavardage convivial, ...
La démocratie, même largement imparfaite, reste un combat qu'il faut mener
contre tous les censeurs pour que ces moments et ces gens vivent ensemble"
Autre chose sans rapport : Les entrées au Musée des Merveilles de Tende et au Musée des Arts asiatiques de Nice sont désormais gratuites.