le chemin était tortueux
Le chemin était tortueux, étroit, broussailleux et en pente.
La descente, un peu périlleuse n’en était pas pour autant pénible. Le soleil
printanier et mon ami L... m’accompagnaient. J’ouvrais la route, il suivait. La
discussion battait son plein : nous nous coupions la parole sans arrêt, n’étions
jamais d’accord, ouvrions des parenthèses sans jamais les refermer.
La ligne d’arrivée de la vallée approchait. C’est alors que mon ami s’aperçut qu’il avait oublié quelque chose au sommet. Je lui proposai d’aller le chercher pour lui ou de l’accompagner. Il refusa.
Alors, je l’attendrai. Là.
Je l’attendis, là, à un croisement de chemin, debout près d’un névé, appuyé sur mon bâton de randonneur, continuant la conversation en pensée, pour moi tout seul.
Tout à coup, d'entre deux buissons, telle une furie, surgit
Azouz Begag, sourcils froncés, regard noir. Il hurlait, m’insultait, voulait « me
casser la gueule » et me prendre les plans de la nouvelle mairie que je
venais de sortir de mon sac à dos, car il me jugeait incapable de gérer la
municipalité.
N’ayant pas obtenu ce qu’il voulait, il s’éloigna en m'agressant verbalement jusqu'au moment où je ne l'entendis plus.
- Je ne fais que passer, me dit-il, ton bleu horizontal est
beau et ton jaune vertical parfait. C’est ton noir et blanc. N’hésite pas,
ajoute des couleurs, des couleurs géométriques.
Je mis longtemps à me rendormir, je voulais retrouver
Picasso et mon ami L...
Impossible.
Si quelqu’un a des nouvelles…