Vive les ringards !
Ah, comme ils sont fréquentables les politiques qui ne sont plus dans le circuit !
Chacun y va de son éloge au Grand Homme que l'âge a rendu sage, de son attendrissement face aux erreurs du passé, de son hommage qui ne lui servira plus, de sa loyauté qui ne fait plus courir de risques, de son compliment qui ne mange pas de pain.
Le Giscard est un animal qui émeut. Le Balladur, une référence, une parole d'or. Le Rocard, un idéal sacrifié. Le Chirac, un ami de la famille. Le Villepin, un gentilhomme accélérateur d'Audimat. Le Raffarin, un saltimbanque, bon pour le zapping.
Même le Peyrat se bonifie.
Quand ils ont traversé le gué, c'est encore mieux. Pinay est un mythe, Barre fait un tabac, de Gaulle c'est la France, Chaban est un stade et Mitterrand une bibliothèque. Ils ont leur cour et, curieusement, elle a fait des petits.
D'un coup, plus d'emplois fictifs, plus d'écoutes téléphoniques, plus de CPE horrible, plus de rigueur insupportable, plus de diamants africains et plus de nationalisations inadmissibles.
Certes, les uns et les autres ont évolué, mûri, arrondi leurs angles.
Certes, les points de vue ont bougé et le manichéisme est passé de mode.
Mais, je ne peux m'empêcher de penser que la nuance a ses vertus, qu'un homme, fut-il politique, n'est pas soit à occire, soit à glorifier, et encore moins, à passer de l'un à l'autre en un temps record sous prétexte qu'il n'est plus aux affaires.
Un peu de retenue du balancier d'un côté l'empêcherait de basculer aussi sec à l'autre extrémité.
Je suis même gêné d'entendre des compliments que pourtant je trouve et je trouvais justifiés, tant, ça devient de bon ton de les faire.
Un seul exemple : Certains de ceux qui auraient facilement retourné le pouce vers le sol pour envoyer Mitterrand en enfer, osent se réclamer de La Force Tranquille et du mitterandisme.
Cela fonctionne aussi bien pour d'autres camps et d'autres personnages, bien sûr.
Cette réflexion me ramène, comme souvent, au miroir.
Ce miroir, fictif ou réel, qui tous les soirs devrait servir à vérifier la clarté de ses pensées et de ses actes.
J'en aurais bien fait commerce mais j'ai, quelques fois, des doutes sur la rentabilité de l'entreprise.