Quand le quidam fait les poubelles

6 mars 2008

Quand le quidam fait les poubelles

Il y a pire que la vidéo-surveillance.
Il y a la surveillance par le peuple.

C'est fini, on ne peut plus rien dire, rien faire, on est fichés. Oh, pas par la police, pas par la justice, par la rumeur, par le numérique, par le portable.
Au moindre faux pas, retour à la case Départ, Prison, Purgatoire, Garde à vue télévisée.

Et certains s'en font même une spécialité, en font des chroniques de télévision. C'est l'INA du pauvre pour faire rire le beauf' des travers de ceux qu'éclairent les sunlights.

Et on ne peut rien dire, car ce sont des hommes publics. C'est eux qu'ont commencé reprend-on avec la foule. Les paparazzi sont détestés et pourtant tout le monde devient paparazzi, agent secret, fouille-merde.

Qu'est-ce-qu'on est content de rire des puissants qui glissent sur des peaux de bananes, des vedettes qui se font flasher à 200 à l'heure, des politiques surpris à dire l'inverse de ce qu'ils ont dit au siècle dernier !
Paparazzi, c'est peu dire. Vautours, Charognards même disait quelqu'un. Oui, il y a de ça. Se délecter des malheurs des autres, de leurs défaites, leurs accidents, c'est faire peu de cas de sa propre dignité.

D'accord, la Cotillard a dit des absurdités dans le passé. N'étaient-elles pas de même nature avant ses trophées d'actrice ? C'est qu'il y a bien eu quelqu'un qui a pris la décision de dévoiler la chose... pour rien, pour lui. Laissez-la tranquille. Si on ne l'avait pas filmée, on n'en saurait rien.

Même chose pour Sarkozy. On nous fait croire que c'est important parce qu'il est Président. Si on décidait que ce n'est pas important (à la réception de l'information) ça nous ferait des économies de conversation.
A ce propos, je me souviens que l'opinion condamnait Materazzi et trouvait que Zidane avait des réactions humaines (vachement humain un coup de boule. Passons).
L'opinion est une girouette et ce sont les médias-spectacle qui soufflent.
Je me souviens que nous voulions un Président plus accessible, plus proche, à l'image des Français et qu'aujourd'hui, on veut le faire remonter, qu'il redevienne icône. (c'est Jospin qui a eu la parole sage : bien que surpris par la réaction de Sarkozy, il a trouvé inadmissible qu'on s'adresse au Président de la République de cette manière)
Sacrée malhonnêteté intellectuelle de "l'opinion". Encore le groupe et la masse qui créent de la pensée commune. Décidément, je ne porte de crédit qu'au tête-à-tête, regards francs et nus.

On ne va pas tout reprocher à tout le monde, ressortir de vieilles vidéos, puis démentir, faire mentir le démenti, se justifier, etc. etc.
Ce monde s'ennuie et se crée de la matière.
Faites l'amour. Aimez. Riez. Donnez.
Il y a tant de plus belles choses à faire que de fouiller dans les poubelles des autres.

Autrefois, on disait que le temps effaçait tout. C'est fini. Les archives et les salauds font tinter les casseroles à l'infini.
Monsieur mon passé, laissez-moi passer, chantait Léo.
C'est comme si on nous reprochait notre look d'adolescent. C'est ridicule.

J'ai fini.
Alors, détendons l'atmosphère avec une photo.