C'est pas assez
2 plus 2 a demandé la maîtresse
Trop facile a pensé l’enfant, c’est pas assez.
Alors il a
cherché autre chose.
Il a suivi la courbe du 2, le coude, la base.
Il a
recommencé avec le second.
Rien. L’enfant n’a rien trouvé.
Alors, l’enfant s’est cru bête. Le moins intelligent de
tous.
Mais a cherché, cherché encore.
Quand, au premier rang, quelqu’un a répondu : 4
Quelqu’un fut félicité et quelqu’un eut le bon point.
C’est pas assez, pensa l’enfant.
Trop facile a pensé l’enfant, c’est pas assez.
Alors il a
cherché autre chose.
Tout son être traversé par la poésie, par l’odeur, les sons,
les deux brûlures au côté droit.
Trop facile. Pas assez.
Rien. L’enfant n’a pas
trouvé.
Alors, l’enfant s’est cru creux. Le plus vide de tous.
Mais
a cherché, cherché encore.
Quand, au premier rang, un autre a dit que le soldat ne dort
pas, il est mort.
Un autre fut félicité et un autre fut valorisé.
C’est pas assez, pensa l’enfant.
L’enfant finit en 10 et ne dit rien.
Il chercha autre chose.
Trop facile. Il ne trouva pas.
L’embauche eut lieu. Résultats exceptionnels.
C’est pas assez, pensa l’enfant.
Vous allez
pouvoir gagner beaucoup d’argent.
C’est pas assez, pensa l’enfant.
Triste ambition. Erreur.
L’enfant fuit.
L’argent fut pour un autre, moins ambitieux.
C’est pas assez, pensa l’enfant.
C’est pas assez, pensa l’enfant.
Votre travail est exemplaire.
Personne n’a eu ce poste avant d’être trentenaire, a dit le
directeur.
C’est pas assez, pensa l’enfant.
Reposez-vous maintenant, a dit
l’entourage.
C’est pas assez, pensa l’enfant.
Vous êtes original, soyez satisfait, a dit la rumeur.
C’est pas assez,
pensa l’enfant.
Vous vous prenez pour
qui ? a crié le lecteur.
Pour un enfant, a dit l’enfant.