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Claudiogène
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13 mars 2008

La paresse intellectuelle

Voilà ce qu’on voulait un monde "sans prise de tête". La réflexion, ça fatigue, le questionnement, ça complique et le doute ça fait douter.

Je crois que cela a commencé avec Bernard Pivot.
Dans les années 80, un virage fut pris. On avait le droit de revendiquer la distraction, la détente et le laisser-aller. C’était même bien vu, dans l’air du temps. Et les gens sérieux avec des ambitions plus élevées n’étaient plus que des snobinards prétentieux.
Le présentateur d’Apostrophes avouait ses passions footballistiques et culinaires. Alors naquit l’Intellectuel Franchouillard Décomplexé.

Désormais, tout le monde s’engouffrerait dans la brèche. Francis Huster, soi-disant nouveau Gérard Philipe, se montrerait au stade, l'animalité serait extériorisation thérapeutique, la spontanéité, vertu universelle et la tempérance, trouble de la personnalité. Les "people" de l’époque s’occuperaient de foot et de bouffe. L’ordre nouveau des masses populaires prenait le pouvoir.

Il fallait tuer l’élitisme, moquer l’exigeant, l’ambitieux en matière d'évolution, de savoir. Car tout devenait culture, surtout la populaire. Tout le monde était artiste, surtout dans les banlieues pourries.
Le vent tournait et il fallait suivre. Le héros devait faire peuple. Faire peuple, c'était être héros. Le rock et le smurf côtoyaient la littérature.

Désormais, il n’y aurait plus de hiérarchies. Un monde juste se devait d’être horizontal, couché. Le parti, et le pli ensuite, étaient pris. On nivèlera par le bas, le bas l'a décidé. Plus d’étoile à l’horizon, plus d’horizon en ligne de mire. L’immobilisme, champion du monde.

Comment faire autrement ? Plus de bien et de mal, plus de valeurs communes ; tout sera goûts et couleurs, choix personnel et tant pis pour le voisin.
Les imbéciles commencèrent à écrire des livres et on inventa Arte pour ghettoïser les idéalistes.
Quelque résistance exista. Mais, les adducteurs finirent par devenir douloureux à force de grand écart et chacun rentra dans le rang, chacun choisit son camp.
On finira par regarder Dallas en prétextant qu’on fait de la sociologie et on s’esclaffera devant Muriel Robin.

La politesse ? Ringarde. La provocation ? Art. Les intellectuels ? Suffisants. Les footballeurs ? Au Panthéon. Les poètes ? Maudits. Les rappeurs ? Dans la Pléiade. Les scientifiques ? Rabat-joies. Les requins ? Artistes.

Et pour bien emmêler l’écheveau, on ira applaudir Chantal Goya en expliquant qu’on apprécie au quatorzième degré… pour se détendre.

Paresse intellectuelle, quand tu nous tiens.
A vouloir démocratiser, on a médiocrisé. Et pourtant, il y avait tant à faire. Pour tous.

J’oubliais. S’il reste quelque pisse-froid, trouble-fête, rabat-joie pour ne pas commémorer comme il se doit, l'anniversaire de la mort du "Grandissime Claude François", je propose qu’on lui fasse un sort. Ces gens-là sont décidément encombrants, à toujours nous empêcher de vivre "sans se prendre la tête".

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Commentaires
C
C'est que je ne suis pas doué, cher Gromit. J'ai cette tendance à penser que chacun est libre de penser et capable d'aller chercher les compléments qui l'aideront à se faire une idée;<br /> C'est la raison pour laquelle, je ferais un bien mauvais vendeur et bien mauvais politique, je ne sais pas chercher à convaincre et encore moins à polémiquer (je sais qu'ici ce n'est pas le cas)<br /> <br /> Pour revenir au commentaire précédent, je ne l'avais pas vu comme vous c'est tout.<br /> Moi qui suis un autodidacte, j'ai toujours trouvé qu'on cherchait à nous laisser, nous les humbles, tout en bas... et je n'en finis pas de le regretter et c'est vrai, c'est un peu une rengaine chez moi.<br /> (je vous promets que je suis un modeste (ça ne se dit pas ?) et pas bien virulent)
G
Cher Claudiogène, j'espérais une réponse plus développée de votre part. Si je m'appelais Cyrano, je vous dirais bien : "Ah ! non ! c'est un peu court, jeune homme ! On pouvait dire... Oh ! Dieu !... bien des choses en somme...", mais je n'ai pas son talent à trousser des images fulgurantes et des phrases fleuries. Et puis mon nez n'a vraiment rien d'exceptionnel (et j'en suis fort aise ! ;)<br /> Bien à vous.<br /> Gromit
C
Je vous trouve bien sévère avec moi, cher Gromit. Mais, une opinion est une opinion. C'est la vôtre.
G
Si l'intention de votre message doit être considéré comme légitime et respectable, l'habillage est tellement caricatural et fourre-tout (le tri sélectif n'a pas l'air d'être votre truc...) qu'il vient tout gâcher et finit par se retourner contre l'auteur, apportant, hélas, de l'eau au moulin de ceux que vous voulez dénoncer. <br /> Vous devriez rester un peu plus simple dans l'expression (vous donnez l'impression d'être très glouton de vos propres mots !) et, comme déjà dit, plus mesuré dans vos condamnations tous azimuts. Vous rendez-vous compte qu'en agissant ainsi, vous flattez autant la croupe aux pires des donneurs de leçons (est-ce voulu ?), ceux qui ont malheureusement permis la transformation du beau terme d'"intellectuel" en très pesant (pour rester poli) "intello", autant donc que TF1 donne de la vulgarité et de l'abêtissement en masse au "j'avale tout, tout est bon" que vous voulez dénoncer ?<br /> Allez, sans rancune j'espère. Que personne ne "se prenne la tête" avec ça, j'espère ;)
L
puisque c'est comme ça je jette un oeil sur arte ce soir...Résistons, camarades intellectuels!!!
Claudiogène
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Claudiogène
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