Politique-Fiction
Un jour de février 2007, alors que la campagne présidentielle avançait par à-coups, François Bayrou, bousculé plus que conseillé par son entourage prît une décision.
Il sentait bien que quelque chose commençait à bouillir plus que frémir.
Mais, comment faire ?
Il savait son positionnement bon, face à l’humeur des Français.
Les Français savaient que la marge des politiques était tellement étroite, coincés qu’ils étaient entre la mondialisation, l’Europe et le choix de société déjà fait, et pour longtemps, qu’ils ne se faisaient aucune illusion ; leur quotidien changerait très peu quelle que soit la majorité en place.
Alors, ils rêvaient d’autre chose, d’autres mœurs, d’une société humaine et pacifiée.
Mais comment faire ?
Partout, on le faisait passé pour le naïf, « lou ravi ». Il avait essayé la victimisation, le complot, l’authenticité, la provincialisation.
Rien ne passait. Pas à cause du peuple qui n’avait pas
grand-chose à redire à tout ça, mais, à cause des bulldozers qu'étaient deux grands
partis.
Un de chaque côté qu’il en avait notre Bayrou.
Février 2007. Il fallait trouver quelque chose de nouveau,
jouer son va-tout.
En son temps, il avait bien récupéré des figures du
parler-vrai, du parler-franc, pas trop marqués et ayant fait leurs preuves, le
Général Morillon, Christian Blanc, Jean-Marie Cavada. Gadgets lui avait-on
rétorqué.
Bien. Ce matin, il fait froid, il fait beau et François est de bonne humeur. C’est son jour.
Il a trouvé.
La veille en lisant son courrier, il a lu une proposition, qu’il a cru simpliste et que la nuit a rendu simple :
Changer l’UDF en CDF… l’Union pour la Démocratie Française trop connotée Giscard-Ringard en Cœur De France qui dit tout.
"Balle au centre" pour le slogan de campagne, un peu gnan-gnan, mais, du sens.
La perle de la perle : Convaincre une figure de venir faire un « ticket » avec lui. Et cette figure, celle qui ramène, au bas mot, 10% avec lui, ne peut être que Michel Rocard.
Dernier baroud d’honneur et de gloire pour Rocard, occasion
inespérée de gommer des décennies de frustrations, et pour les Français,
l’assurance qu’il oeuvrera pour eux plutôt que pour lui.
Voilà. Qu’il sorte cette carte maîtresse et Bayrou a gagné.
Au second tour, face à Sarkozy, il engrange les voix de la gauche. Comment faire autrement ?
Un catholique et un protestant, morale et rigueur, humanisme et responsabilisation, c’était tout ce que demandait la France.
Pour les analyses… à vos commentaires.